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Dom Juan

Oui, je renonce à feindre ;
L’avantage du nombre est peu pour m’y contraindre.
Je suis ce Dom Juan, dont le trépas juré…

Alonse, à Dom Carlos.

Voulez-vous…

Dom Carlos

Arrêtez ; m’étant seul égaré,
Des Lâches m’ont surpris, et je lui dois la vie
Qui par eux sans son bras m’auroit été ravie.
Dom Juan, vous voyez, malgré tout mon courroux,
Que je vous rends le bien que j’ai reçu de vous.
Jugez par là du reste, et si de mon offense,
Pour payer un bienfoit, je suspends la vengeance,
Croyez que ce délai ne fera qu’augmenter
Le vif ressentiment que j’ai fait éclater.
Je ne demande point qu’ici sans plus attendre
Vous preniez le parti que vous avez à prendre.
Pour m’acquitter vers vous, je veux bien vous laisser,
Quoi que vous résolviez, le loisir d’y penser.
Sur l’outrage reçu, qu’en vain on voudroit taire,
Vous savez quels moyens peuvent me satisfaire.
Il en est de sanglants, il en est de plus doux.
Voyez-les, consultez, le choix dépend de vous.
Mais enfin quel qu’il soit, souvenez-vous, de grâce,
Qu’il faut que mon affront par Dom Juan s’efface,
Que ce seul intérêt m’a conduit en ce lieu,
Que vous m’avez pour lui donné parole. Adieu.

Alonse

Quoi, Monsieur ?

Dom Carlos

Suivez-moi.

Alonse

Faut-il…

Dom Carlos

Notre querelle
Se doit vider ailleurs.