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Sitôt que du Couvent elle voit que je ris,
Deux soufflets me sont sûrs, et ce seroit bien pis,
Si vous alliez pour moi parler de mariage.

Dom Juan

Et bien, marions-nous en secret ; je m’engage,
Puisqu’elle vous maltraite, à vous mettre en état
De ne rien craindre d’elle.

Sganarelle

Et par un bon Contrat.
Ce n’est point à demi que Monsieur fait les choses.

Dom Juan

J’avois, pour fuir l’hymen, d’assez pressantes causes ;
Mais pour vous faire entrer au Couvent malgré vous,
Savoir qu’à la menace on ajoute les coups,
C’est un acte inhumain, dont je me sens coupable,
Si je ne vous épouse.

Sganarelle

Il est fort charitable.
Voyez, se marier pour vous ôter l’ennui
D’être Religieuse ; attendez tout de lui.

Léonor

Si j’osois m’assurer…

Sganarelle

C’est une bagatelle,
Que ce qu’il vous promet. Sa bonté naturelle
Va si loin, qu’il est prêt, pour faire trêve aux coups
D’épouser, s’il le faut, votre Tante avec vous.

Léonor

Ah, qu’il n’en fasse rien ; elle est si dégoûtante…
Mais moi, suis-je assez belle…

Dom Juan

Ah Ciel ! Toute charmante.
Quelle douceur pour moi de vivre sous vos lois !
Non, ce qui fait l’hymen n’est point de notre choix ;
J’en suis trop convaincu ; je vous connois à peine,
Et tout à coup je cède à l’amour qui m’entraîne.

Léonor

Je voudrois qu’il fût vrai, car ma tante, et la peur
Que me fait le couvent…