Et qu’as-tu répondu ?
Moi ?
Tu t’es trouvé pris ?
Pas trop. Sans m’étonner, de l’habit que je porte
J’ai soutenu l’honneur, et raisonné de sorte,
Que sur mon ordonnance aucun d’eux n’a douté
Qu’il n’eût entre les mains un trésor de santé.
Et comment as-tu pu bâtir tes ordonnances ?
Ma foi, j’ai ramassé beaucoup d’impertinences.
Mêlé café, opium, rhubarbe, et coetera.
Tout par drachme, et le mal aille comme il pourra.
Que m’importe ?
Fort bien. Ce que tu viens de dire
Me réjouit.
Et si, pour vous faire mieux rire,
Par hasard (car enfin quelquefois, que sait-on ?)
Mes malades venoient à guérir ?
Pourquoi non ?
Les autres médecins que les sages méprisent,
Dupent-ils moins que toi dans tout ce qu’ils nous disent,
Et pour quelques grands mots que nous n’entendons pas,
Ont-ils aux guérisons plus de part que tu n’as.
Crois-moi, tu peux comme eux, quoi qu’on s’en persuade,
Profiter, s’il advient, du bonheur du malade,
Et voir attribuer au seul pouvoir de l’art,
Ce qu’avec la nature aura fait le hasard.