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ACTE III



Scène I


DOM JUAN, SGANARELLE habillé en médecin

Sganarelle

Avouez qu’au besoin j’ai l’imaginative
Aussi prompte d’aller que personne qui vive.
Votre premier dessein n’étoit point à propos.
Sous ce déguisement j’ai l’esprit en repos.
Après tout, ces habits nous cachent l’un et l’autre
Beaucoup mieux qu’on n’eût pu me cacher sous le vôtre ;
J’en regardois le risque avec quelque souci.
Tout franc ! Il me choquoit.

Dom Juan

Te voilà bien ainsi.
Où diable as-tu donc pris ce grotesque équipage ?

Sganarelle

Il vient d’un médecin qui l’avoit mis en gage.
Quoique vieux, j’ai donné de l’argent pour l’avoir.
Mais, Monsieur, savez-vous quel en est le pouvoir ?
Il me fait saluer des gens que je rencontre,
Et passer pour docteur partout où je me montre.
Ainsi qu’un habile homme on me vient consulter.

Dom Juan

Comment donc ?

Sganarelle

Mon savoir va bientôt éclater.
Déjà six paysans, autant de paysannes,
Accoutumés sans doute à parler à des ânes,
M’ont sur différents maux demandé mon avis.