Scène II
Il n’y faut plus penser, c’en est fait, Sganarelle.
La force entre mes bras alloit mettre la Belle,
Lorsque ce coup de vent, difficile à prévoir,
Renversant notre Barque, a trompé mon espoir.
Si par là de mon feu l’espérance est frivole,
L’aimable Paysanne aisément m’en console,
Et c’est une conquête assez pleine d’appas,
Qui dans l’occasion ne m’échappera pas.
Déjà par cent douceurs j’ai jeté dans son âme
Ces dispositions à bien traiter ma flamme
On se plaît à m’entendre, et je puis espérer
Qu’ici je n’aurai pas longtemps à soupirer.
Ah, Monsieur, je frémis à vous entendre dire.
Quoi, des bras de la mort quand le Ciel nous retire,
Au lieu de mériter par quelque amendement,
Les bontés qu’il répand sur nous incessamment ;
Au lieu de renoncer aux folles amourettes,
Qui déjà tant de fois… Paix, Coquin que vous êtes.
Monsieur sait ce qu’il fait, et vous ne savez, vous,
Ce que vous dites.
Ah ! Que vois-je auprès de nous ?
Qu’est-ce ?
Tourne les yeux, Sganarelle, et condamne
La surprise où me met cette autre paysanne.