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J’n'avois vu s’habiller jamais de Courtisans,
Ni leu z’Angingorniaux ; je me pardrois dedans.
Pour les z’y faire entrer comme n’en lé balote !
J’étas tout éboby de voir ça. Quien, Charlote,
Quand i sont habillés, i vous z’ant tout-à-point
De grands cheveux touffus, mais qui ne tenont point
À leu tête, et pis vla tout d’un coup qui l’y passe,
I boutont ça tout comme un bonnet de filasse.
Leu Chemise qu’à voir j’étas tout étourdi,
Ant dé manche où tous deux j’entrerions tout brandi.
En deglieu d’haut-de-chausse, il ant sartaine histoire

 
Montrant son genou.

Qui ne leu vient que là ; j’auras bian de quoi boire,
Si j’avas tout l’argent dé Lisets de dessu.
Glien a tant, glien a tant, qu’en n’an seroit voir pu.
Il n’ant jusqu’au Colet qui n’va point en darrière,
Et qui leu pend devant bâti d’une manière,
Que je n’te l’sérois dire, et si j’l'ai vu de près.
Il ant au bout dé bras d’autres petits colets,
Aveu des passements faits de dantale blanche,
Qui veniant par le bout faisont le tour dé manche.

Charlote

I faut que j’aille voir, Piarrot.

Pierrot

Oh, si te plaît,
J’ai queuq’chose à te dire.

Charlote

Et bian, dis qu’esque c’est ?

Pierrot

Vois-tu, Charlote, i faut qu’aveu toi, com’s'dit l’autre,
Je débonde mon cœur, il irait trop du nôtre,
Quand je somme pour être à nous deux tout de bon,
Si je n’me plaignas pas.

Charlote

Quemment ? Qu’est-qu’iglia don ?

Pierrot

Iglia que franchement tu me chagraignes l’âme.