J’en ai vu tant d’horreurs, que j’avoue aujourd’hui,
Qu’il vaudroit mieux cent fois être au Diable qu’à lui.
Que ne le quittes-tu ?
Le quitter ! Comment faire ?
Un grand Seigneur méchant est une étrange affaire.
Vois-tu, si j’avois fui, j’aurois beau me cacher,
Jusque dans l’Enfer même il viendroit me chercher.
La crainte me retient, et ce qui me désole,
C’est qu’il faut avec lui faire souvent l’idole,
Louer ce qu’on déteste, et de peur du bâton,
Approuver ce qu’il fait, et chanter sur son ton.
Je crois dans ce palais le voir qui se promène,
C’est lui. Prends garde au moins…
Ne t’en mets point en peine.
Je t’ai conté sa vie un peu légèrement.
C’est à toi là-dessus de te taire ; autrement…
Ne crains rien.
Scène II
Avec qui parlois-tu ? Pourroit-ce être
Le bonhomme Gusman ? J’ai cru le reconnoître ?
Vous avez fort bien cru, c’étoit lui-même.
Il vient
Demander quelle affaire en ces lieux nous retient ?