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Gens de toutes façons, connus et non connus,
Pour y demander part, sont les très bien venus.
Mais c’est peu qu’à donner instruisant la jeunesse,
Le tabac l’accoutume à faire ainsi largesse.
C’est dans la médecine un remède nouveau ;
Il purge, réjouit, conforte le cerveau,
De toute noire humeur promptement le délivre,
Et qui vit sans tabac n’est pas digne de vivre.
Ô tabac, ô tabac, mes plus chères amours !
Mais reprenons un peu notre premier discours.
Si bien, mon cher Gusman, qu’Elvire ta Maîtresse,
Pour Dom Juan mon maître a pris tant de tendresse,
Qu’apprenant son départ, l’excès de son ennui
L’a fait mettre en campagne, et courir après lui ?
Le soin de le chercher est obligeant sans doute,
C’est aimer fortement, mais tout voyage coûte,
Et j’ai peur, s’il te faut expliquer mon souci,
Qu’on l’indemnise mal des frais de celui-ci.

Gusman

Et la raison encor ? Dis-moi, je te conjure,
D’où te vient une peur de si mauvais augure ?
Ton maître là-dessus t’a-t-il ouvert son cœur ?
T’a-t-il fait remarquer pour nous quelque froideur,
Qui d’un départ si prompt…

Sganarelle

Je n’en sais point les causes.
Mais, Gusman, à peu près je vois le train des choses,
Et sans que Dom Juan m’ait rien dit de cela,
Tout franc, je gagerois que l’affaire va là.
Je pourrois me tromper, mais j’ai peine à le croire.

Gusman

Quoi, ton maître feroit cette tache à sa gloire ?
Il trahiroit Elvire, et d’un crime si bas…

Sganarelle
.

Il est trop jeune encor, il n’oseroit.

Gusman

Hélas !