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Scène V


Théodat, Ildegonde, Euthar, Valmire.

EUTHAR.

Seigneur, vous êtes roi,
Le bruit de votre mort a redoublé la haine
Que le peuple avoit fait éclater pour la Reine.
Chacun faisant ouïr le nom de Théodat,
A juré hautement d’en punir l’attentat ;
Et dans tout le Palais une fière menace
De la rébellion a fait croître l’audace.
Theudis plus que tout autre ardent à vous venger,
A fait voir votre vie à toute heure en danger,
Et qu’à moins qu’on osât en prévenir le crime,
La Reine tôt ou tard vous prendroit pour victime.
Ses cris tumultueux que le peuple soutient,
Vont jusques à la Reine, on la voit elle vient,
Et d’un vif désespoir mortellement frappée,
De l’un des Siens en haste ayant saisi l’épée,
Elle court à Theudis, et de sa propre main,
Sans rien examiner, lui veut percer le sein.
Là, soit que sa fureur un peu trop violente
La livre d’elle-même au fer qu’on lui présente,
Soit que contre ses jours de vengeance animé
Theudis qui lui résiste exprès se fut armé,
À ses pieds tout-à-coup elle tombe, elle expire.
Chacun s’unit alors pour vous céder l’Empire,
Et cette mort par tout faisant un prompt éclat,
On n’entend plus crier que vive Théodat.

ILDEGONDE.

Ainsi pour vous, Seigneur, l’ordre du Ciel s’exprime,
Vous appelant au trône, il vous y veut sans crime,