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Ainsi tu vois à quoi ta sûreté t’engage,
Préviens-moi, si tu veux te sauver de ma rage ;
Autrement, si la voie encor s’en peut trouver,
J’ai commencé trop bien, pour ne pas achever.


Scène IV


Théodat, Ildegonde, Valmire.

THÉODAT.

Quelle fureur, Madame, et d’un projet semblable
Qui croiroit qu’une Reine auroit été capable ?

ILDEGONDE.

Je vous l’avois bien dit, que son calme apparent
Dissipant trop l’orage, en marquoit un plus grand.
L’amour qui se reproche une secrète honte,
Ne croit point de vengeance assez forte, assez prompte,
Il veut tout, ose tout pour s’en faire raison,
Et ce que le fer manque, il l’obtient du poison.

THÉODAT.

Je ne connois que trop ce qu’il faut que j’en craigne ;
Mais voulez-vous de moi que ma vertu se plaigne,
Et que contre ma gloire un indigne intérêt
De l’exil de la Reine autorise l’arrêt ?
Si ses jaloux transports en veulent à ma vie,
C’est un amour trompé qui s’emporte, s’oublie,
Et dont l’égarement n’affaiblit pas ma foi
Jusques à me cacher ce qu’elle a fait pour moi.

ILDEGONDE.

Hé bien, de ses fureurs demeurez la victime.
J’ai par mon imprudence achevé votre crime,
Et la part que j’y prends en faisant la noirceur,
Je deviens sa complice à vous percer le cœur.