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Scène III


Amalasonte, Ildegonde, Théodat, Gepilde, Valmire.

ILDEGONDE.

Vous vivez ? Quelle joie !
Mes reproches, Madame, ont été trop avant,
N’en redoutez plus rien, Théodat est vivant.

THÉODAT, à Amalasonte.

Pour me justifier, j’ai besoin de ma gloire,
Elle est mon seul recours, mais l’en voudrez vous croire,
Madame ? tout m’accuse, et pour noircir ma foi,
Du plus honteux forfait l’indice est contre moi.
Hier sachant qu’Honoric par un nouveau tumulte
De quelques factieux souffroit ici l’insulte,
Confus de ce désordre, afin de l’empêcher,
De leurs mains aussitôt je courus l’arracher.
À ma voix, à mes cris ne déférant qu’à peine,
Ils juroient que son sang satisferoit leur haine ;
Et Theudis à regret différant son trépas,
Exécutoit des yeux ce que n’osoit son bras.
Il croit que ses conseils ont fait périr son père,
Et tant d’aveuglement se mêle à sa colère,
Que s’étant déclaré, rien n’est plus assez fort
Pour lui faire oublier cette honteuse mort.
Je crûs pour Honoric devoir craindre l’orage ;
Et touché des périls que pour lui j’envisage,
L’approche de la nuit redoublant mon effroi,
Pour l’en mettre à couvert, je l’enlève chez moi.