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Que ton bras a versé le sang que tu regrettes.
J’élevois son destin à des grandeurs parfaites,
Ton amour malgré moi s’est rendu son bourreau,
Je le mettois au trône, il le met au tombeau.
Peins-toi bien cette image, et toute déchirée
Par l’affreuse douleur de t’en voir séparée,
Toujours preste à mourir sous l’horreur du remords,
Chaque jour, s’il se peut, endure mille morts.

ILDEGONDE.

Insultez aux ennuis dont la rigueur funeste
Accable d’un amant le déplorable reste.
Faites sous leur excès gémir ce cœur ingrat,
Je vivrai pour pleurer le sort de Théodat,
Et ces morts que pour moi votre vengeance amasse,
De vos lâches fureurs rempliront la menace.
Mais craignez que mes jours malgré moi conservés,
Ne troublent les douceurs que vous vous réservez.
Dés longtemps sur le Trône au sang accoutumée,
Vous le voyez couler sans en être alarmée.
Sur le foible soupçon d’un douteux attentat,
Vous avez répandu le plus pur de l’État.
Contre vous, quoi que tard, c’est un crime à poursuivre,
Je ne m’en tairai pas, si vous me laissez vivre.
Il est des cœurs aigris, qui pour venger ce sang,
Vous détestant pour Reine attaquent votre rang.
Theudis et Trasimond n’ont pas quitté les armes,
J’irai les animer par mes cris, par mes larmes,
Leur montrer Théodat tout percé de vos coups,
Ce Théodat qui dût attendre tout de vous,
Ce Théodat…Mais, Dieux, faut-il que je m’en croie ?

AMALASONTE.

On m’a trompée ! Ah Ciel !