Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/442

Cette page n’a pas encore été corrigée

V}}


Scène I


Ildegonde, Valmire.

VALMIRE.

L’amour, pour votre cœur doit avoir bien des charmes,
Si d’un songe confus vous prenez tant d’alarmes.
Quelque trouble par là qui vous ait pu frapper,
Au moins votre réveil a dû le dissiper.
À de vaines frayeurs vous souffrez trop d’empire,
Madame, et quand le jour…

ILDEGONDE.

Le jour paroît, Valmire,
Et nous va faire voir si mon esprit séduit
S’est trop laissé surprendre aux erreurs de la nuit ;
Mais déjà comme moi tu vois tout lieu de craindre.
On se plaint sans savoir de quoi l’on se doit plaindre,
De Théodat par tout le nom est entendu,
On parle d’entreprise et de sang répandu.
Puis-je sur ce murmure être moins inquiète ?

VALMIRE.

Mais dans ce trouble enfin Théodat seul vous jette ;
Et je vous y croyois l’esprit moins disposé
En faveur d’un amant si longtemps méprisé.
L’amour de vos dédains punit bien l’injustice.

ILDEGONDE.

Ne me reproche point un bizarre caprice.
Avant qu’avecque toi j’eusse osé m’en ouvrir,
J’avois déjà souffert tout ce qu’on peut souffrir.