Quoi qu’aux vœux d’Honoric elle ait trouvé d’appas,
J’y veux bien renoncer, s’ils ne vous plaisent pas ;
C’est un choix dont toujours vous serez la maîtresse,
Par vous autorisé, par vous cet amour cesse,
Mais si vous m’ordonnez de reprendre ma foi,
Ne me contraignez point à disposer de moi.
Théodat connoît trop l’intérêt de sa gloire,
Pour écouter un feu qu’en vain il voudroit croire ;
Un choix plus relevé doit flatter son espoir.
Le temps sur ce mépris aura quelque pouvoir,
Tâchez de la fléchir, je vous laisse avec elle.
Montrez-lui les honneurs où votre amour l’appelle,
L’appas est sensible, et qui sait bien aimer,
Avec un sceptre en main, est en droit de charmer.
Scène VIII
Donc à me rendre heureux lors que tout se dispose,
Ma Princesse elle seule à mon bonheur s’oppose ?
Dites, dites plutôt que je veux détourner
L’orage menaçant qui peut vous entraîner.
La Reine avecque vous partage sa couronne,
Vous demandez mon cœur, son aveu vous le donne ;
Voilà bien des bontés, et jamais on n’a vu
Faire un effort sur soi plus grand, plus imprévu,
Mais l’amorce est trop foible à séduire mon âme,
La Reine est outragée, elle soufre, elle est femme,
Et le jaloux chagrin qui vous fit arrêter
S’évanouit trop tôt pour n’en rien redouter.