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Quoi qu’aux vœux d’Honoric elle ait trouvé d’appas,
J’y veux bien renoncer, s’ils ne vous plaisent pas ;
C’est un choix dont toujours vous serez la maîtresse,
Par vous autorisé, par vous cet amour cesse,
Mais si vous m’ordonnez de reprendre ma foi,
Ne me contraignez point à disposer de moi.
Théodat connoît trop l’intérêt de sa gloire,
Pour écouter un feu qu’en vain il voudroit croire ;
Un choix plus relevé doit flatter son espoir.

AMALASONTE, à Théodat.

Le temps sur ce mépris aura quelque pouvoir,
Tâchez de la fléchir, je vous laisse avec elle.
Montrez-lui les honneurs où votre amour l’appelle,
L’appas est sensible, et qui sait bien aimer,
Avec un sceptre en main, est en droit de charmer.


Scène VIII


Ildegonde, Théodat, Valmire.

THÉODAT.

Donc à me rendre heureux lors que tout se dispose,
Ma Princesse elle seule à mon bonheur s’oppose ?

ILDEGONDE.

Dites, dites plutôt que je veux détourner
L’orage menaçant qui peut vous entraîner.
La Reine avecque vous partage sa couronne,
Vous demandez mon cœur, son aveu vous le donne ;
Voilà bien des bontés, et jamais on n’a vu
Faire un effort sur soi plus grand, plus imprévu,
Mais l’amorce est trop foible à séduire mon âme,
La Reine est outragée, elle soufre, elle est femme,
Et le jaloux chagrin qui vous fit arrêter
S’évanouit trop tôt pour n’en rien redouter.