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Et si trop de chaleur a de quelques complices
Contre vos intérêts marqué les injustices,
Ignorez les assez, pour souffrir que ma foi
En répare l’injure et pour eux, et pour moi.


Scène VII


Amalasonte, Ildegonde, Théodat, Gepilde, Valmire.

AMALASONTE.

Théodat n’a jamais remporté tant de gloire,
Qu’en gagnant sur soi-même une illustre victoire.
Quand il peut tout oser, il veut ne pouvoir rien ;
Maître de mon destin, il me soumet le sien ;
Et quel que soit le prix qu’une vertu si rare
Demande qu’à l’envi la mienne lui prépare,
J’ai besoin que vos vœux avec les miens d’accord,
D’un éclat achevé fassent briller son sort.
Le seul titre de Roi pour lui me peut suffire,
Ainsi je l’associe aux honneurs de l’Empire,
Mon règne partagé n’en sera pas moins doux.
Dans ce haut rang, Princesse, il est digne de vous.
Je sais que votre cœur à son amour contraire
Aura pour se dompter quelques efforts à faire ;
Mais ce que je lui dois peut-être a mérité
Que vous n’en croyiez pas toute votre fierté.

THÉODAT.

Quoi, Madame, un coupable auroit droit de prétendre…

AMALASONTE.

Il suffit, là-dessus je ne veux rien entendre ;
Obtenez seulement que par de prompts effets
La Princesse pour vous seconde mes projets.

ILDEGONDE.

Le trône vaut beaucoup, je le sais ; mais, Madame,
Son plus pompeux éclat n’éblouit point mon âme.