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Mais vous le séduisez, et l’art de vous soumettre,
Quand un peuple animé vous semble tout permettre,
Est un art si puissant dessus mes volontés,
Qu’il force ma colère, et vous rend mes bontés.

THÉODAT.

Que de gloire pour moi ! Je le connois, Madame,
Mes indiscrets transports ont dû toucher votre âme,
Et contre mon rival trop d’aigreur a suivi
La perte de l’espoir que son feu m’a ravi.
Ce reste mal éteint d’une aveugle tendresse
Est un crime…

AMALASONTE.

Gepilde, amenez la Princesse.

THÉODAT.

Quoi ? La mander sitôt ! Laissez-moi respirer,
Madame, c’est assez de ne rien désirer.
Après le premier crime où m’a forcé ma flamme,
À de nouveaux combats ne livrez point mon âme,
Et m’accordez le temps de pouvoir mériter
Le retour des bontés qui semblent me flatter.
S’il s’agit de sa main, quelque effort que je presse,
Ma vertu se défie encor de ma foiblesse ;
Ménagez-la, de grâce, et ne l’exposez pas.

AMALASONTE.

Pour moi, comme pour vous, la gloire a des appas ;
Et quand vous refusez d’user des avantages
Qui vous ont contre moi donné tant de suffrages…

THÉODAT.

Ah, Madame, daignez ne vous plus souvenir
D’un crime qu’il vous plaît négliger de punir ;