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Je le mettrai si bas, que jamais, quoi qu’il ose,
D’un semblable tumulte il ne sera la cause ;
Son haut rang aux mutins peut donner trop d’appui.

GEPILDE.

Quoi, Madame, l’amour ne dira rien pour lui ?

AMALASONTE.

Je l’ai sans doute aimé, je l’aime encor peut-être,
Mais en trompant ma flamme il a dû me connoître,
Et savoir qu’une Reine abusée en son choix
Ne fait point de bassesse une seconde fois.
Oui, dut la violence où l’honneur me convie
M’arracher à moi-même, et me coûter la vie,
Il n’aura jamais lieu de penser que mon coeur
De ce honteux amour écoute encor l’ardeur.
À ma gloire par là ce cœur rendra justice ;
Et s’il lui falloit même un plus grand sacrifice,
L’intérêt seul du trône étant digne de moi,
J’abandonnerois tout à ce que je lui dois.


Scène II


Amalasonte, Ataulphe, Gepilde.

AMALASONTE.

He bien, des Factieux a-t-on calmé l’audace ?

ATAULPHE.

Madame, du murmure ils vont à la menace,
Et semblent s’apprêter au plus funeste éclat,
Si votre ordre changé ne leur rend Théodat.
Accourus vers le Fort, c’est là qu’il font entendre
Qu’il n’est rien qu’ils ne soient résolus d’entreprendre.
Théodat ne peut moins attendre de leur foi,
Ils le veulent pour maître, ils le nomment leur roi.
Ils doivent à ses soins le repos qui les flatte ;
Et dans leurs cris confus tant de fureur éclate,