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ACTE IV



Scène I


Amalasonte, Gepilde.

GEPILDE.

Quoi que vous vous mettiez au dessus des alarmes,
Si le Peuple murmure, il peut courir aux armes,
Madame, et je crains bien qu’en secret révolté
Il n’ait peine à souffrir Théodat arrêté.
Il l’estime, et son zèle a toujours fait paroître
Qu’il aimoit sous vos lois à l’accepter pour maître ;
Sans doute à sa disgrâce il voudra prendre part.

AMALASONTE.

C’est de quoi j’ai voulu prévenir le hasard ;
Honoric est allé de cette populace
Étouffer le murmure, et réprimer l’audace,
Et saura d’autant mieux calmer les mécontents,
Que de son hyménée il peut choisir le temps ;
Par ce désordre seul son bonheur se recule.
Mais la Princesse enfin peut aimer sans scrupule.
Cet obstacle imprévu ne l’étonne-t-il point ?

GEPILDE.

Son cœur se veut en vain déguiser sur ce point,
Je la trouve inquiète ; et soit qu’elle appréhende
Que plus loin qu’on ne croit l’obstacle ne s’étende,
Soit que pour son hymen l’augure soit fâcheux,
On voit dans son chagrin l’embarras de ses voeux.

AMALASONTE.

Ils n’auront pas longtemps l’importune contrainte
Qui trouble son espoir, et fait naître sa crainte ;
Et puis que mon pouvoir à Théodat commis
De mes lâches sujets me fait des ennemis,