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Et le rang qu’elle tient semble assez mériter
Qu’elle prenne le temps de se mieux consulter.
Vouloir que dès demain sa foi…

AMALASONTE.

C’est la contraindre,
Il est vrai, mais elle est en pouvoir de s’en plaindre ;
Et quand elle se tait, j’admire par quel soin
Vos prévoyants soucis veulent aller si loin.

THÉODAT.

Blâmez-vous un avis qui part d’un cœur fidèle ?

AMALASONTE.

Il n’est pas toujours bon de montrer tant de zèle.

THÉODAT.

Si je deviens suspect quand je crois que le temps
Doit seul…

AMALASONTE.

Vous m’entendez, Prince, et je vous entends.

THÉODAT.

La Princesse…

AMALASONTE.

A parlé, cela me doit suffire.

THÉODAT.

Jugez-vous de son cœur sur ce qu’elle a pu dire ?
Honoric pour sa flamme en veut trop présumer,
C’est un cœur orgueilleux qui ne peut rien aimer,
Un cœur qui s’alarmant d’un scrupule de gloire…

ILDEGONDE.

D’où vient que Théodat…

AMALASONTE, à Ildegonde.

Je ne sais plus qu’en croire.
De l’air dont il répond du secret de ce cœur,
Vous n’auriez eu pour lui qu’une fausse rigueur.
Rien n’est à déguiser, l’aimez-vous ?

THÉODAT.

Non, Madame,
C’est toujours un dédain, une dureté d’âme
Qui ne lui permet pas seulement de penser
Qu’aux plus foibles devoirs l’amour m’ait pu forcer.
À sa haine pour moi de plus en plus fidèle…