Scène V
Qu’oserai-je penser ? La Princesse vous quitte,
Seigneur, et je vous vois l’âme toute interdite ?
Enfin, Euthar, enfin la victoire est à moi,
Je triomphe, Ildegonde a reconnu ma foi,
Elle m’aime.
Ah, Seigneur, quelle triste victoire !
Ildegonde vous hait, et vous la voulez croire !
Pour vous ôter un trône…
Ah, non, jusqu’à ce jour,
J’ai trop pour m’y tromper, étudié l’amour.
Elle m’aime, te dis-je, et ma gloire est certaine.
Viens, suis-moi.
Mais, Seigneur, que deviendra la Reine ?
Ne préviens point les maux que j’en doit redouter.
Seigneur, pardonne-t-elle à qui l’ose irriter ?
Le sang qu’elle a versé vous doit faire connoître
Quels périls…
Ils sont grands, j’y périrai peut-être ;
Mais, Euthar, quand on a le cœur bien enflammé,
C’est mourir satisfait, que de mourir aimé.