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ILDEGONDE.

Qu’à moi ?

THÉODAT.

Jamais amour ne m’offrit tant de charmes.
J’en appelle à témoins mes soupirs et mes larmes,
Ces larmes qu’à vos pieds, sans mouvement, sans voix,
Mon désespoir m’a fait répandre tant de fois.
De mes vives douleurs la triste image offerte
N’a pu vous empêcher de résoudre ma perte.
Vous avez au mépris ajouté le courroux,
Votre ingrate rigueur…

ILDEGONDE.

De quoi vous plaignez-vous ?
N’êtes-vous pas content qu’elle vous ait fait naître
La noble ambition…

THÉODAT.

Non, je ne le puis être,
Et ce Trône où m’appelle un hymen glorieux,
Il me coûte trop cher pour m’être précieux.
J’y consens, jouissez de mon inquiétude,
Cruelle ; elle doit plaire à votre ingratitude,
Jouissez des ennuis d’un amant outragé
Qui de vos fiers mépris sur lui seul s’est vengé,
Qui se donnant ailleurs, tremble du sacrifice…

ILDEGONDE.

Et qui vous a forcé de choisir ce supplice ?

THÉODAT.

Vous me le demandez, vous qui m’avez causé
Toute l’horreur des maux où je suis exposé ?
Hé bien, je vais encor…

ILDEGONDE.

Non, cela doit suffire,
Je ne veux rien savoir, vous n’avez rien à dire.

THÉODAT.

Craignez-vous que ces maux trop vivement dépeints,
Ne vous reprochent trop vos injustes dédains ;
Que malgré vous touchée, à voir un feu si tendre…

ILDEGONDE.