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Mais quand de son bonheur je vois venir le jour,
M’en fâcher, le haïr, c’est avoir de l’amour ;
Et si ce Théodat qu’on me donne pour maître,
M’étoit indifférent autant qu’il devroit l’être,
Avec plus de repos je verrois aujourd’hui
Ce qu’une Reine Amante a résolu pour lui.
Je l’aime donc, Valmire, et ce m’est une honte
Qui ne peut s’effacer par une ardeur trop prompte.
Cet amour qui me livre au trouble où je me vois,
Mon cœur se le permet, parce qu’il est à moi,
Et je veux que ce cœur, afin qu’il se l’arrache,
Aux seuls vœux d’Honoric par le devoir s’attache.
Ne balançons donc point ce que j’ai projeté.
Mettons en l’épousant ma gloire en sûreté.
Si ce tendre penchant qui peut tout sur son âme
N’a point de part aux nœuds qui me rendront sa Femme,
Un cœur qui pour la gloire a toujours combattu,
N’a pas besoin d’amour, ayant de la vertu.
Mais de ce que je vois que faut-il que je pense ?
Est-ce pour me braver que Théodat s’avance ?
Lui me chercher ! Valmire, éloignons-nous d’ici.


Scène IV


Théodat, Ildegonde, Valmire.

THÉODAT.

Quoi, Madame, il vous plaît de m’éviter ainsi ?

ILDEGONDE.

M’étant si rarement forcée à vous entendre,
Ma retraite n’a rien qui vous doive surprendre.

THÉODAT.

Eh, Madame, de grâce, un peu moins de fierté.
Sans trahir vos mépris je puis être écouté,