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Et lors qu’il sera Roi, j’ai peur qu’il se souvienne
Qu’un dédain trop cruel fut le prix de la sienne.
Avant qu’il ait ce titre, accordez à mon feu,
L’entière liberté d’en obtenir l’aveu.
La Reine à cet amour n’a point été contraire,
Et je puis me flatter du bonheur que j’espère,
Si tandis qu’elle seule encor donne des lois,
J’engage ses bontés à suivre votre choix.
Balancez-vous, Madame, et ce parfoit hommage
Dont mes soins à vous plaire ont cherché l’avantage,
N’a-t-il pu mériter que pour prix de ma foi
J’ose…

ILDEGONDE.

Oui, voyez la Reine, et répondez de moi.

HONORIC.

Ah, puis que votre flamme est propice à la mienne…

ILDEGONDE.

Prévenez Théodat, de peur qu’il vous prévienne.
Allez, si mon hymen est un bonheur si doux,
Le temps doit être cher à qui craint comme vous.


Scène III


Ildegonde, Valmire.

VALMIRE.

Qu’avez-vous dit, Madame, et par quelle injustice
Faire de votre cœur un si dur sacrifice ?

ILDEGONDE.

Il est dur, je l’avoue, et promettant ma main,
Ce n’est pas sans trembler que j’en prends le dessein ;
Mais lors que je vois tout à craindre pour ma gloire,
Valmire, je me dois cette grande victoire.
Le Destin l’a voulu, Théodat est heureux,
Son feu récompensé m’est un objet affreux,
J’en sens des mouvements de haine, de colère,
Et voudrois me venger, si je le pouvois faire :