Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/394

Cette page n’a pas encore été corrigée
THÉODAT.

Non, Madame, il ne faut repousser cette offense
Que par le froid mépris qui suit l’indifférence.
L’obstacle qu’à son feu vous auriez apporté,
S’imputant à ma haine, enfleroit sa fierté.
Consentez-y de grâce, et dès aujourd’hui même
Résolvant son hymen, donnez-lui ce qu’elle aime.
Confus d’un sentiment écouté malgré moi,
Par ce prompt désaveu j’en veux purger ma foi,
Et jurer mille fois à mon auguste Reine,
Qu’adorant ses bontés, je m’en sens l’âme pleine,
Que pour les mériter il n’est ni vœux ni soins…

AMALASONTE.

Le cœur contre soi-même a de secrets témoins,
Vous les consulterez, et me ferez connoître
De quels devoirs pour moi vous pourrez être maître.
Un hommage contraint n’est point ce que je veux ;
Mais quelque liberté que je laisse à vos voeux,
Songez que dans le rang où le Ciel m’a placée,
M’expliquant avec vous, je me suis abaissée ;
Et qu’il est dangereux, quand j’ai fait ce faux pas,
D’embarrasser ma gloire, et n’en profiter pas.
Laissez-moi seule.


Scène III


Amalasonte, Gepilde.

GEPILDE.

Enfin vous le voyez, Madame ;
Mieux que vous ne pensiez j’avois lu dans son âme,
Et vous avois bien dit que ses vœux les plus doux
N’aspiroient qu’à pouvoir se déclarer pour vous.
Que de charmes pour lui dans ce surcroît de gloire !