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Vous pourrez-vous contraindre à mériter son choix ?

THÉODAT.

Il faut te l’avouer, j’en tremble quelquefois ;
Et s’il falloit sitôt disposer de moi-même,
Je pourrois à ce prix haïr le diadème.
C’est par là que je feins de n’oser m’appliquer
Ce que la Reine cherche à me faire expliquer.
Ma raison sur mes sens reprendra son empire,
Et le temps qui peut tout…

EUTHAR.

Seigneur, je me retire ;
Quoi que peut-être ici je fusse peu suspect,
La Reine qui paroît m’oblige à ce respect.


Scène II


Amalasonte, Théodat, Gepilde.

AMALASONTE.

Enfin Justinian n’a pu voir sans alarmes
L’effroi qu’ont pris les siens du succès de nos armes ;
Et puis qu’il fait retraite après tant de combats,
Ce superbe Empereur redoute votre bras.
Belissaire, dit-on, éloigné de nos terres,
Par son ordre a déjà commencé d’autres guerres,
Et nos Peuples charmés de l’espoir de la Paix,
Font pour votre bonheur les plus ardents souhaits.
Leur amour va pour vous jusqu’à l’idolâtrie,
Ils vous nomment tout haut le Dieu de la Patrie ;
Mais quand chacun vous doit son repos le plus doux,
Savez-vous, Théodat, que je me plains de vous ?

THÉODAT.

De moi, Madame ? En quoi, pour vous être fidèle,
Aurais-je pu manquer et d’ardeur et de zèle ?
Pour soutenir par tout l’honneur de votre rang,
S’il a fallu combattre, ai-je épargné mon sang ?