Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/347

Cette page n’a pas encore été corrigée

Que d’amoureux transports qui s’échappent !

Le Marquis

Je meure,
Je suis sourd des soupirs que j’entends à toute heure.

Virgine

Il en est qui pour vous auroient pu s’enhardir,
Mais puisque l’on connoît que c’est vous assourdir…

Le Marquis

M’assourdir ? Non pas vous.

Virgine

Ah !

Le Marquis

Ma belle comtesse,
Soupirez à votre aise, et que rien ne vous presse.
Diable, vous n’êtes pas à mettre tous les jours.
Carlin, son mal en moi prend déjà même cours.
Mon cœur palpite.

Carlin

Ailleurs où trouver qui la vaille ?

Virgine

À dissiper mon trouble en vain mon cœur travaille.
L’assaut que sa langueur me livre à l’impourvu…
Ah, Monsieur le Marquis, pourquoi vous ai-je vu ?

Le Marquis

Ne vous en repentez point, Comtesse de mon âme.
Si vous êtes en feu, je me sens tout en flamme,
Et pour prix des soupirs que j’ai su vous tirer,
Écoutez, je commence à contre-soupirer.
Ah !

Virgine

Monsieur le Marquis, voulez-vous que je meure ?

Le Marquis

Non, pourquoi tant souffrir ? Guérissez-vous sur l’heure,
Et sans mettre avec moi cent soupirs bout à bout,
Rognez, taillez, coupez, me voilà prêt à tout.

Virgine

La Comtesse d’Orgueil seroit assez heureuse,
Pour mériter le choix…