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Si le Marquis se juge un peu d’orgueil permis,
Avec moi, pour le moins, il n’est rien plus soumis.
C’est un respect si grand, une ardeur si discrète,
Que…

Lucrèce

T’en voilà coiffée, il t’a dit la fleurette ;
Mais ce qui me confond, c’est de voir qu’un moment
Ait produit dans ton âme un si grand changement.
Je veux qu’il ne soit pas ce qu’on le prétend être,
Ce n’est que d’hier au soir que tu le peux connoître,
L’entretien dura peu, tu parlas sans le voir,
Et déjà sur ton cœur l’amour a tout pouvoir ?

Olimpe

Voilà ce que sur moi fait l’esprit, c’est mon charme.
Quoique fière, par lui ma fierté se désarme,
Et pour être le prix d’un don si précieux,
Mon cœur n’a pas besoin du conseil de mes yeux.

Lucrèce

Sans ce raffinement, dis que ce qui t’a prise,
C’est la douceur de voir que tu seras Marquise.
Cousine, un si beau nom couvre bien des défauts.

Olimpe

Ah, tu me connois mal.

Lucrèce

Je sais ce que tu vaux,
Le faste jusqu’ici ne t’a point éblouie,
Mais le Marquis peut bien…

Olimpe

Tu t’en es réjouie,
Soit ; au moins crois tes yeux plutôt qu’un faux rapport.
Je l’estime, il viendra, tu verras si j’ai tort.
Ce n’est pas seulement son esprit que j’admire,
Son courage l’égale, et l’on en peut trop dire.
Si je te pouvois bien dépeindre de quel air
Il repoussa son frère, et le fit reculer…