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Olimpe

Ce n’est pas grand effort que de se rendre maître
D’un amour qui ne fait que commencer à naître.

Le Chevalier

Que commencer à naître ? Ah, ne le croyez pas.
Je brûle dès longtemps pour vos divins appas.
Le respect, il est vrai, jusqu’ici m’a fait taire,
Mais je n’en ai pas eu moins d’ardeur de vous plaire,
Et mes yeux ont trahi les ordres de mon coeur
S’ils ne vous ont cent fois parlé de ma langueur.
À vous chercher partout leur soin étoit extrême,
Au Temple, dans la rue, à votre balcon même,
Et les vôtres souvent par un regard rendu
Ont semblé m’avertir que j’étois entendu.

Olimpe

Une ardeur si discrète a mérité sans doute
De me trouver sensible aux soins qu’elle vous coûte ;
Mais ma mémoire en vain vous cherche sur mes pas.

Le Chevalier

Vous ne m’avez point vu ?

Olimpe

Je ne m’en souviens pas.

Le Chevalier

Je m’en étois flatté, pour moi je vous ai vue,
Mais cent fois, mais toujours de tant d’attraits pourvue,
Que mes brûlants transports s’augmentant chaque jour,
À peine tout mon cœur suffit à mon amour.
Tout ce qui de mes sens fit d’abord la surprise,
N’eut rien que ma raison aujourd’hui n’autorise.
Sans cesse elle me dit qu’il faut vous adorer,
Qu’à l’heur de vous servir rien n’est à préférer.
Madame, je me perds pour avoir trop à dire.

Virgine, bas à Olimpe

Pouvez-vous écouter ces fadaises sans rire ?

Olimpe

Tais-toi.