Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/308

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et fort de son aveu je pourrois m’applaudir
Sur le flatteur espoir qu’il lui plaît d’enhardir.
J’en prends, je vous l’avoue, assez de confiance
Pour ne balancer plus à rompre le silence ;
Mais cet aveu, Madame, assure peu ma foi
Voyant tout ce qui doit vous parler contre moi.
Quoi qu’il semble à mes vœux donner pleine victoire,
Vous demeurez toujours arbitre de ma gloire,
Et l’espoir qu’il me souffre est pour moi sans douceur
Si je n’ai mérité de toucher votre cœur.
C’est lui qu’à cet espoir l’amour veut qui consente ;
Je ne suis point heureux si vous n’êtes contente,
Et le moindre soupir à votre âme échappé
Me reproche un pouvoir lâchement usurpé.
Aurais-je le malheur de vous en faire naître ?

Virgine

Madame, ce début ? Hem ? Sais-je connoître ?

Olimpe

Voyons la suite, il peut l’avoir étudié.
L’amour hait ce qu’il tient d’un secours mendié,
Et tout autre peut-être eût tâché de me plaire
Avant que d’employer l’autorité d’un Père.
N’importe, c’est beaucoup pour flatter votre espoir,
Sa parole est donnée, et je sais mon devoir.

Le Chevalier

Si je m’en prévalois vous pourriez vous en plaindre ;
Mais quoi qu’il m’ait promis, vous n’aviez rien à craindre.
Pressé de mon amour je ne l’ai fait parler
Que pour être en pouvoir de vous plus immoler.
Incertaine autrement s’il agréeroit ma flamme,
Vous tiendriez vos feux renfermés dans votre âme,
Mais lors que mon respect vous soumet son aveu,
Je vous donne plein droit d’ordonner de mon feu.
Sur lui, sur son espoir vous êtes Souveraine ;
Ainsi dites un mot, sa victoire est certaine.
C’est de vous qu’il la veut, prêt à la refuser
Si vos désirs contraints s’y peuvent opposer.