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Oronte

De lui-même.

Olimpe

À sa mine on connoît sa naissance ;
Mais l’effet répond mal souvent à l’apparence.
L’air ne fait pas l’esprit ; et je douterois fort,
Que le sien fût de ceux…

Oronte

Ah, c’est lui faire tort.
D’où vient qu’à ce soupçon votre cœur s’abandonne ?

Olimpe

C’est un secret qu’encor je n’ai dit à personne.
Depuis plus de deux mois en cherchant à me voir,
Ce brave chevalier a paru m’en vouloir.
Au Palais pour emplette, au Temple, dans la rue,
Je le trouve partout, partout il me salue,
Mais quoi qu’il ait eu lieu cent fois de m’aborder,
Il n’a jamais plus fait que de me regarder.
Jugez si c’est à tort que je le crois stupide.

Oronte

Un excès de respect l’a pu rendre timide,
Et je vous plaindrois peu pour l’hymen arrêté,
Si le Marquis avoit même stupidité.

Olimpe

Quoi qu’on ait fait sans moi, s’il est tel que vous dites,
La puissance d’un Père a ses bornes prescrites,
Et par précaution, avant que m’engager,
Lui parlant en secret, je prétends en juger.

Lucrèce

En secret ! Et comment ?

Olimpe

Ce soir par ma fenêtre.

Virgine

Un premier entretien vous le fera connoître ?
Et si pour son début il n’a tous mots exquis,
Madame, vous voulez refuser un Marquis ?
Ma foi, si vous saviez combien…