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ACTE IV



Scène Première

Flaminius, Procule

Procule

Après quelque chagrin que faut-il que je croie
De voir sur votre front éclater tant de joie ?
Auriez-vous pu, Seigneur, ébranler Prusias ?

Flaminius

J’étois embarrassé, je ne le cèle pas.
Deux Rois épris d’amour me paraissoient à craindre ;
En vain j’en murmurois, en vain j’osois me plaindre.
Sur l’un d’eux par Élise Annibal pouvant tout
De sa foi contre nous eût pu venir à bout.
Une heureuse nouvelle a fait cesser ma peine,
J’ai su du Phrygien la fausse mort d’Eumène.

Procule

Eumène vit encor ?

Flaminius

Cette lettre est de lui.
Par elle contre Attale il cherche mon appui,
Et doutant que ce Frère aisément abandonne
Les flatteuses douceurs qui suivent la Couronne,
Avant que de paroître, il m’exhorte à vouloir
Essayer sur les Chefs ce que j’ai de pouvoir.
J’ai vu les plus zélés qui ravis de connoître
Qu’un sort inespéré leur rend leur premier Maître,
Quoi que puisse ordonner ce jeune et nouveau Roi,
M’ont promis en secret de n’obéir qu’à moi.
Ainsi tous ses projets n’ont plus rien qui me gêne.

Procule

Mais la mort de ce Frère avoit paru certaine ?