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Si l'on trompe vos feux c'est pour vous secourir.

Oronte

Ah ! qu'il vaudroit bien mieux qu'on me laissatpérir!

Tu dis que cet hymen lui tient lieu de supplice,

Qu'elle fait en tremblant ce triste sacrifice;

Qu'au baron à regret elle donne la main?

La tante

Plaignez-moi; mon malheur, Oronte, est trop certain;

Vous le savez, pour moi l'hymen est une peine,

Par pitié de vos feux j'étouffois cette haine ;

Et pour vous garantir d'un infâme trépas

Il me faut épouser ce que je n'aime pas;

Me livrer au baron.

Oronte

Au baron! Ah, madame!

La tante

Que de douceurs, hélas ! va perdre votre flamme !

La mienne chaque jour, si l'hymen nous eût joints

Eût charmé votre cœur par mille tendres soins,

Je vous aurais chéri, témoigné...

Oronte

Quelle rage!

Philipin bas.

La tante

Ah ! Pourquoi n'étiez-vous pas plus sage?

Pour la sœur du baron, quoiqu'elle eût de charmant?

Falloit-il de vos feux croire, l'emportement?

S'y trop abandonner, n'en prévoir pas la suite ?

Oronte

Personne ne veilloit dessus notre conduite:

Hors une vieille tante à tous momens au lit,

Rien ne meltoit obstacle au feu qui nous surprit ;

La belle d'un coup d.'œil forçoit tout à se rendre ;

Je n'étois pas de marbre, elle avoit le cœur tendre ;

Cent faveurs m'assuraient d'un amour mutuel.

Madame, était-ce. à moi de faire le cruel ?