Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée


A ma nièce surtout n'en témoignez plus rien ;

Dans un si jeune esprit un secret n'est pas bien.

Oronte

Quoi! pour me soulager vous pourriez vous contraindre

A souffrir ce qu'ailleurs on vous voit le plus craindre,

Vous que l'amour offense, et dont l'aversion

Vient de paraître encor pour cette passion,

Vous qui loin d'excuser l'innocente peinture

Dont...

La tante

II faut quelquefois garder quelque mesure,

Et devant une fille il est bon de blâmer

Ce qui lui peut apprendre à se laisser aimer.

Ce sont tendres esprits qui, sans leçon ni maître,

Ne savent que trop tôt d'où ce penchant peut naître;

Et pour rendre l'amour à leur goût moins charmant

On leur en fait un monstre, et l'on pense autrement.

Ce n'est pas qu'il ne soit des douceurs au veuvage

Qui valent quelquefois celles du mariage.

Vivre comme on l'entend, ne répondre qu'à soi...

Oronte

Ah! n'appréhendez point de les perdre pour moi.

Vous me donnez l'exemple, et je dois sans m'en plaindre

Quand vous vous contraignez,apprendre à me contraindre,

Sur moi-même à mon tour prendre assez de pouvoir...

La tante

Je ne dis pas cela pour me faire valoir; Au contraire, je veux...