Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais quand vous apprendrez…

D. DIÉGUE.

Mais quand vous apprendrez…Je voi que tu rougis,
D’avoir reçu sans moi Dom Fernand de Solis ;
Mais le titre Époux qu’il a droit de prétendre,
Souffre la liberté que nous te voyons prendre.
Sans doute qu’à tes vœux mon choix a répondu ?

LÉONOR à Jacinte.

Dom Fernand de Solis ! Ai-je bien entendu ?

D. FERNAND.

L’Inconnue est sa fille ! Ah, Guzman, quelle gloire !

D. DIÉGUE.

Si ton bonheur est tel que j’ai lieu de le croire,
Il faut que je te loue, au moins, d’avoir eu soin
Que l’aimable Isabelle en pût être témoin.

ISABELLE.

Comme pour Léonor une forte tendresse
Toujours dans son destin veut que je m’intéresse,
Le choix de Dom Fernand ne peut m’être que cher,
S’il est digne du cœur qu’il tâche de toucher.

D. FERNAND.

C’est dont je n’ose encor me souffrir l’espérance,
Et ce doute cruel me réduit au silence.
Madame, quoi qu’un pere autorise mes vœux,
Son aveu sans le vôtre en vain me rend heureux,
Mon cœur ne reconnoît que votre seul empire.
Parlez, expliquez-vous.

LÉONOR.

Parlez, expliquez-vous.Je l’ai déjà sû dire ;
Mon pere ayant des droits que je ne puis trahir,
S’il a choisi pour moi, je ne sai qu’obéir.

D. JUAN.

Ainsi par cet aveu votre soupçon s’efface ;
Mais de Dom Dionis obtiendrons-nous la grace ?
Madame…

ISABELLE.

Madame…C’est assez. Votre jeu concerté
N’a pas surpris en moi trop de crédulité.