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GUZMAN.

J’étois avecque lui ? Moi ? Cela ne peut-être,
À moins que le doublant, comme il paroît ici,
Le diable ait pris plaisir à me doubler aussi.

JACINTE.

Quel impudent valet ! Madame, je proteste…

BÉATRIX.

Enfin, il faut ici jouer de votre reste.

D. FERNAND à Léonor.

Tout semble avoir juré ma perte auprès de vous ;
Mais je veux que du ciel m’accable le courroux,
Si je ne suis…

LÉONOR.

Si je ne suis…Soyez tout ce qu’il vous plaît d’être ;
Loin de prendre intérêt encor à vous connoître,
C’est un surcroît sensible à mes tristes ennuis,
Qu’on vous ait, malgré moi, découvert qui je suis.

D. FERNAND.

Moi, je le sai, Madame ? Et vous étes capable
De vouloir insulter au sort d’un misérable,
Qui, du plus pur amour se sentant consumer,
Ignore, en vous aimant, qui le force d’aimer ?

LÉONOR.

Quoi, jaloux d’un hymen que je n’ai pû vous taire,
Vous n’étes point venu pour parler à mon pere,
Lui proposer de rompre ?

D. FERNAND.

Lui proposer de rompre ?Où prendre sa maison ?
Où le chercher, enfin, si j’ignore son nom ?

LÉONOR.

Ah ! C’est trop soutenir un lâche stratagême.
Nier obstinément ce que j’ai vû moi-même,
Et, de l’art de fourber se tenant glorieux,
Démentir à la fois mon oreille & mes yeux !
Je n’en demande point une preuve plus forte.
Adieu. Va du jardin le remettre à la porte,
Jacinte, je rougis de l’avoir écouté.