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Scène III.

D. JUAN, D. FERNAND, ISABELLE, BÉATRIX, GUZMAN.
D. JUAN contrefaisant l’étonné.

Que vois-je ? Juste ciel ! En croirai-je mes yeux ? Vous étes ici ? Vous ? ma surprise est extrême.</poem>

D. FERNAND.

Qui vous la peut causer ?

D. JUAN.

Qui vous la peut causer ?Mais enfin, c’est vous-même ?
C’est vous, Dom Dionis ?

D. FERNAND.

C’est vous, Dom Dionis ?Que veut-on que je sois ?
Parlez.

D. JUAN.

Parlez.J’en crois à peine encor ce que je vois.

ISABELLE.

Mais, qui de ce transport vous peut rendre capable ?

D. JUAN.

Une aventure étrange, & qui semble une fable.
Madame, à ce détour que je viens de quitter,
Un cavalier passant, j’ai voulu l’arrêter,
Tel que Dom Dionis, mêmes traits de visage,
Même voix, même port, c’est la vivante image ;
Et beaucoup se vêtant de la même façon,
Son habit a laissé mon erreur sans soupçon.
Pour m’en faire sortir, quoi qu’il ait pû me dire,
J’ai pris tout pour adresse, & cru qu’il vouloit rire,
Et serois encor loin de m’en voir éclairci,
Si je ne rencontrois Dom Dionis ici.

D. FERNAND.

Son nom est Dom Fernand ?