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D. FERNAND.

Quoi, Madame, aujourd’hui chez vous je vous ai vûe ?

ISABELLE.

Vous y veniez sans peine, attiré par l’amour.

D. FERNAND.

Parles ; m’as-tu, Guzman, quitté de tout le jour ?

GUZMAN.

Ah !

ISABELLE.

Ah !L’honnête garant que vous faites paroître !

D. FERNAND.

Mais il vous peut…

GUZMAN.

Mais il vous peut…Oui da, je puis piéger mon maître,
Il est amant d’honneur si jamais il en fut.

ISABELLE.

De vos déguisemens je découvre le but,
Pour conserver toujours quelque place en mon ame
Vous me voulez cacher votre nouvelle flamme ;
Mais n’en croyez pas tant l’espoir que vous prenez,
L’un pour l’autre tous deux nous ne sommes point nés.
À la seule inconnue adressez votre hommage,
Aussi-bien, ma parole à Dom Félix m’engage ;
Et jamais à vous voir je n’ai sû me forcer,
Qu’aux momens de chagrin que j’avois à passer.

D. FERNAND.

Ce n’est pas sans raisons que de justes alarmes,
Étonnant mon espoir, m’en défendoient les charmes,
Sans chercher un prétexte aux mépris qu’on me rend,
Le peu que je mérite en est un assez grand.
Ne dites point qu’ailleurs je partage ma flamme,
Mais dites qu’un rival a su toucher votre ame,
Et que sa passion, engageant votre foi,
Pour en remplir l’attente, il faut rompre avec moi.

ISABELLE.

Vous n’avez point d’intrigue avec une inconnue ?