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ISABELLE.

Il m’importe fort peu que vous le vouliez être,
Pourvû qu’en le voyant vous sachiez l’avertir,
Que je ne l’ai souffert que pour me divertir.
De ses fades douceurs, par cœur sans doute apprises,
Il m’a plû quelquefois d’écouter les sottises ;
Mais loin qu’il pût avoir quelques charmes pour moi,
Mon choix à Dom Félix répondoit de ma foi ;
À des provinciaux j’aime à donner la baie.
Adieu, mon Cavalier.

BÉATRIX.

Adieu, mon cavalier.Voilà comme on vous paie,
Messieurs, qui venez provincialement
Débiter la fleurette, & prêter le serment.
On vous fait bonne mine, on rit, on raille, on cause ;
Mais les amis du cœur, dame, c’est autre chose,
La tablature change, on parle sérieux.

D. FERNAND.

C’est donc à qui de vous m’embarrassera mieux ?
Si c’est là votre but, la piéce est imparfaite.

ISABELLE.

C’est assez, il est temps que vous fassiez retraite.

D. FERNAND voulant sortir par où on l’avoit fait entrer.

Adieu, ne croyez pas m’en avoir inquiété.

ISABELLE l’arrêtant.

Non, non, mon cavalier, tournez de ce côté,
Sortez par l’autre porte, elle vous est connue.

D. FERNAND.

Quoi, vous continuez…

BÉATRIX.

Quoi ? Vous continuez…Gagnons vîte la rue,
Le meilleur est pour vous de déloger sans bruit,
Je vous y conduirai. Bon soir & bonne nuit.