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ISABELLE.

Deux noms divers en lui pourroient causer le vôtre,
Qui m’est connu sous l’un, vous le sera sous l’autre.
Dom Dionis, pourtant, est le seul que je sai.

D. FERNAND.

Quoi qu’il ait pu dire, il vous aura dit vrai,
S’il a sû vous jurer que mon amour extrême
Engage tous mes vœux à la beauté que j’aime.
J’apprens qu’on la marie ; & ce fatal revers
Accable un malheureux qui languit dans ses fers.
Ne pouvant m’éclaircir du pere ni du gendre,
Je forme cent desseins sans savoir lequel prendre.
Dans ces obscurités daignez me secourir ;
Vous voyez qu’à vous seule on me fait recourir,
Soulagez les ennuis dont mon ame est pressée.

ISABELLE.

Je ne vais pas si vîte à dire ma pensée ;
Et, si, de son aveu, j’ose en prendre le droit,
Je crains de l’engager à plus qu’elle ne croit.

LÉONOR.

Non, à votre amitié tout mon cœur s’abandonne,
Il en croira, soudain, quoi que son zéle ordonne ;
Et pour vous donner lieu d’en mieux délibérer,
Je vous laisse tous deux, & vais me retirer.
Adieu.

D. FERNAND à Léonor.

Adieu.Souvenez-vous que mes peines cruelles
Ne peuvent…

LÉONOR.

Ne peuvent…Vous aurez tantôt de mes nouvelles.

BÉATRIX.

Madame, nous pouvons enfin le régaler.

ISABELLE à part.

Voyons son impudence, avant que de parler.