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persée

Ah, c’en est trop, Madame,
Quelque pressant respect qui cherche à m’arrêter,
Vous forcez malgré moi ma rage d’éclater.
En vain mon désespoir voudroit encor se taire.
Seigneur, n’épargnez rien pour élever mon frère,
Donnez-lui votre Sceptre, et le couronnez Roi,
Vous ne lui donnez rien qui soit encor à moi,
Et quelque injuste rang que vous lui fassiez prendre,
Au trône, vous vivant, je n’ai rien à prétendre.
C’est assez que le Ciel m’y réserve mes droits ;
Mais pour placer ses vœux faites un autre choix.
Pour lui contre ma flamme en vain on s’intéresse,
Il m’a vu recevoir la foi de la Princesse,
Et les ordres cruels qui l’en veulent flatter,
M’arracheront le jour avant que me l’ôter.

érixène

Votre orgueil de mon choix s’est pu faire l’arbitre,
Tant qu’on ne m’a laissé de Reine que le titre,
Mais enfin on me rend le pouvoir Souverain,
Et quand il me plaira disposer de ma main…

philippe

Disposez-en, Madame, et puisque son audace
Par ses emportements veut hâter sa disgrâce,
Il faut qu’aux yeux de tous ses forfaits étalés
Découvrent mieux quels droits sa rage a violés.
Qu’on amène son frère, afin qu’en sa présence…

persée

Oui, Seigneur, achevez d’assouvir sa vengeance.
Sans rien examiner, puisque ma mort lui plaît,
À son impatience accordez-en l’arrêt.
Aussi bien ce haut prix qu’on destine à sa flamme,
Sans verser tout mon sang…