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Et si le sang d’un frère a pour toi tant d’appas,
Il te faut pour l’épandre emprunter d’autres bras.
Ne songez plus, Madame, à couronner un lâche.
Je vois pour vous enfin quelle en seroit la tache.
Et garant de l’hymen où j’osois vous porter,
Je vous rends un aveu qu’il n’a pu mériter.

persée

De quelque dur revers que le Sort me menace,
Je ne demande point d’où me vient ma disgrâce.
Ce sont les mêmes traits toujours empoisonnés
Qu’en vain jusques ici ma plainte a détournés,
Le mépris dont enfin elle fut hier suivie,
À la rage d’un frère abandonna ma vie,
Et quand j’en expliquai les secrets attentats,
Ce fut les approuver que ne les punir pas.
Je n’en murmure point, et dois voir sans surprise
Qu’à me persécuter votre aveu l’autorise ;
Mais que je sache au moins quel indigne rapport
D’un hymen souhaité vous fait rompre l’accord.

philippe

Fais-moi servir ta haine, et joins à cette injure
Tout ce qui peut au crime endurcir la Nature.
Démens ces Envoyés qui subornés par toi,
Avec tant de fureur noircirent hier sa foi.
Veux-tu que l’imposture aujourd’hui découverte
Fasse voir qu’ils suivoient tes ordres pour sa perte,
Et qu’instruits par ta rage, ils viennent déclarer,
Quels jaloux mouvements te l’avoient fait jurer ?
Veux-tu que Quintius sur un faux caractère…

persée

Que l’erreur qui nous flatte aisément nous est chère !
Pour ce fils contre moi noirci de lâchetés,
Laissez-vous éblouir à de fausses clartés
Cédez à ce penchant dont l’indigne imposture
Toujours en sa faveur suborna la Nature ;
Mais vous en fierez-vous à des âmes sans foi,
Qui d’abord contre lui, sont enfin contre moi ?