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Mais la plus vive ardeur presse en vain ma vengeance.
Quand on le punit trop on lui rend l’innocence,
Et de Didas sur moi quoi qu’ait pu le rapport,
Tout me devient suspect si tôt qu’on veut sa mort.

persée

Sa mort ! Qui vous fait prendre une frayeur si vaine ?

érixène

Les crimes dont le charge une implacable haine ;
Non qu’on en puisse trop punir l’indignité,
S’il a su les commettre, il a tout mérité,
Mais puisque vous voulez qu’avec vous je m’explique,
On les croit un effet de votre Politique,
Et dans vos Envoyés si votre espoir fut mis,
Ils vous ont mal tenu ce qu’ils vous ont promis.

persée

Quoi, si ce qu’ils ont dit à ses desseins peut nuire,
Ils parlent par mon ordre, et j’ai su les séduire ?

érixène

Vous le saurez du Roi, je parle seulement
De ce qu’un bruit confus m’apprend obscurément ?
Mais sur ce doute enfin je crois devoir attendre
À partager ce trône où vous pouvez prétendre,
Et j’aime mieux plus tard avoir droit d’y monter,
Que me mettre en péril de le trop acheter.

persée

Ah, ce seroit trop peu que borner votre haine
À différer l’effet d’un accord qui vous gêne.
Sur l’exemple d’un Traître il vous sera plus doux
De vous montrer pour moi ce qu’on l’a vu pour vous.
Ne considérez point sur ce grand hyménée
Ni mes vœux acceptés, ni votre foi donnée,
S’il osa vous trahir en faveur de Didas,
Vous l’avez trop aimé pour ne l’imiter pas.
J’avois dû le prévoir, et lorsque l’on me quitte,
Mon espoir trop crédule a l’affront qu’il mérite.
Donnez à mon Rival la douceur d’en jouir,
Vous le pouvez aimer, vous pouvez me haïr,