Allons, allons, Madame, et de l’heur que j’espère…
Seigneur, l’ordre du Roi m’est ici nécessaire.
C’est par lui que pour vous mon cœur s’est engagé,
Et puisqu’il tarde tant, il peut être changé.
Si ce seul changement pour ma flamme est à craindre,
À ce scrupule en vain vous voulez vous contraindre.
Le Roi pour cet hymen s’intéresse à tel point…
Allez l’en consulter, et ne m’en croyez point.
Non qu’enfin affectant un scrupule frivole
Je cherche à m’affranchir de lui tenir parole,
Mais je lui ferois tort si j’avois quelque effroi
Qu’il en pressât l’effet que pour le fils d’un Roi.
J’ai promis pour un Prince et grand et magnanime,
Jaloux de la vertu, plein d’horreur pour le crime,
Digne de voir par moi ses hommages reçus,
Je ne m’en dédis point, jugez-vous là-dessus.
Ah, si d’un pur amour les pressants témoignages
Vous faisoient de mon cœur estimer les hommages,
Vous ne douteriez point si je puis mériter
Que vous vous abaissiez jusqu’à les accepter.
Vous trouveriez en moi ce Prince magnanime,
Jaloux de la vertu, plein d’horreur pour le crime,
Et cesseriez de dire en outrageant ma foi,
Que vous n’avez promis que pour le fils d’un Roi.
Ne vous déguisez plus, et malgré vos promesses
Laissez, laissez agir vos premières tendresses.
Quand je touche au moment qui me doit rendre heureux,
Démétrius vaut bien un remords généreux.
D’un cœur que l’on rejette, il est beau qu’une Reine
Au refus de Didas daigne flatter la peine,
Que d’un parjure amant l’indigne trahison…
Je n’ai pas oublié que je m’en dois raison,