Amenez en secret, et pressez de répondre,
Leur surprise a suffi d’abord à les confondre,
Et sur quelque scrupule heureusement offert,
Menacés de la gêne, ils ont tout découvert,
Que Persée en partant avoit su les instruire
De ce qu’à leur retour ils diroient pour lui nuire ;
Que Quintius en vain le chargeoit d’un forfait,
Que la Lettre étoit fausse, et son seing contrefoit,
Et qu’avec les Romains ces bruits d’intelligence
Du Prince injustement accabloient l’innocence.
Dieux ! Et que dit Persée !
Il n’a rien encor su,
Mais enfin son espoir se va trouver déçu,
Puisque le Roi m’envoie avertir le grand Prêtre
Qu’en vain pour votre hymen…
Moi, l’Épouse d’un Traître !
Si ma main pour ses vœux est un espoir si doux…
Souffrez que je vous quitte, il s’avance vers vous.
Scène III
Après tant de soupirs, tant de rudes alarmes,
Enfin voici ce jour pour moi si plein de charmes,
Où pour prix de ma flamme obtenant votre foi,
Je vais me voir ensemble heureux amant et Roi.
Attendant qu’en ces lieux j’obtienne une Couronne,
Il m’est doux que l’Amour par vos mains me la donne.
C’est ce que votre hymen va faire aux yeux de tous,
Pour son auguste pompe on n’attend plus que vous.