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Ma gloire à l’en punir est trop intéressée,
Il le faut, je le dois ; mais j’épouse Persée,
Et quelque trahison dont il se soit noirci,
C’est m’en venger sur moi que le punir ainsi.

phénice

J’ai prévu ce remords, mais de quoi qu’il vous flatte,
Prête d’aller au Temple est-il temps qu’il éclate ?
Dans ce Temple déjà pour tout le monde ouvert,
Le grand Prêtre…

érixène

Ah, c’est là que ma raison se perd.
Si je ne touchois pas à l’heure infortunée
Où se doit achever ce funeste hyménée,
J’en croirois de nouveau l’impatient courroux
Qui porta ma vengeance à choisir un Époux.
Pour punir mon Ingrat du choix qu’il me préfère,
De nouveau je voudrois me promettre à son frère,
Par cet affreux hymen combler son désespoir,
Au moins, Phénice, au moins je croirois le vouloir.
Mais quand le coup approche, et qu’il faut sans remise
Donner aux yeux de tous la foi que j’ai promise,
Dans l’horreur qui s’oppose à ce don de ma foi,
Je ne répondrois pas de l’obtenir de moi.
Si ton zèle jamais parut pour ta Princesse,
Sauve-la du péril de montrer sa foiblesse,
Prends pitié de sa gloire, et sans trop m’engager,
Tire-moi de l’abîme où j’ai su me plonger.
Cherche Démétrius ; si ma rigueur le pique,
Fais si bien qu’avec toi son désespoir s’explique.
S’il menace, il suffit pour ne rien achever
Tant qu’on ait prévenu ce qui peut arriver,
Quelque retardement paroîtra nécessaire ;
Et j’aurai tout gagné pourvu que l’on diffère.

phénice

Mais, Madame, songez…