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Scène VII


philippe

Enfin, Sénat superbe, il faut te satisfaire.
C’est peu pour ta fierté qu’un hommage ordinaire,
Et mon cœur pour remplir tes vœux ambitieux
Consent à te traiter comme il traite les Dieux.
Il tient de tes autels le culte légitime,
Mon fils fut ton Esclave, il en fait ta Victime,
Et ce noir sacrifice à ton orgueil offert
Va faire voir à tous de quel zèle il te sert.
Mais où va contre lui la fureur qui me guide ?
Est-ce en le commettant qu’on venge un parricide ?
Et si les droits du sang ne peuvent l’ébranler,
Parce qu’il les trahit, dois-je les violer ?
Ah, Roi né pour servir, tu frémis, tu t’étonnes !
Veux-tu rougir toujours des fers que tu te donnes ?
Et pour un peu de sang qu’il t’en pourra coûter,
As-tu le cœur si bas qu’il tremble à les quitter ?
Non, non, c’est trop gémir, bravons la tyrannie.


Scène VIII


Philippe, Antigonus.

antigonus

Seigneur, l’ordre est donné pour la cérémonie.
Le grand Prêtre demain en superbe appareil…
PHILIPPE, sans écouter Antigonus.
Ce seroit perdre temps qu’assembler mon Conseil,
Qu’il y consente ou non, la guerre est résolue.