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Si pourtant pour sauver l’honneur du Diadème,
Je puis vous conseiller ici contre moi-même,
Malgré votre courroux j’oserai vous porter
À perdre le dessein de me faire arrêter.
Peut-être que le Peuple indigné qu’on m’opprime
Voudra s’autoriser à juger de mon crime,
Et de peur qu’avec vous il n’en fût pas d’accord,
Il vaut mieux qu’en secret vous résolviez ma mort.
Mais si vous achevez un hymen qui me tue,
Faites qu’elle soit prompte aussi bien qu’imprévue ;
Autrement de nouveau j’en jure tous les Dieux,
Ma rage immolera ce perfide à vos yeux,
Et saura par sa perte, à moins qu’on me prévienne,
Lui ravir la douceur de jouir de la mienne.
Voilà de mon amour ce que veut l’intérêt,
Prononcez là-dessus, j’attendrai votre arrêt.


Scène VI


Philippe, Didas.

philippe

Oui, je prononcerai malgré tout le murmure
Qu’en mon âme étonnée excite la Nature,
Et puisque l’on m’y force, il doit m’être permis
De renoncer aux noms de père et de fils.
Dieux, a-t-on vu jamais pousser si loin l’audace ?
De ma seule clémence il peut espérer grâce,
Et son coupable orgueil, bien loin de s’abaisser,
Porte encor sa fureur jusques à menacer.

didas

Seigneur, puisque ma mort est tout ce qu’il souhaite
Je ne mérite pas que l’on s’en inquiète,
Et j’en vois naître en vous des transports superflus
Pourvu que vous n’ayez rien à craindre de plus.