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Scène V


Philippe, Démétrius, Didas.

démétrius

Non, non, je n’ai parlé que pour me faire entendre,
Et quoi que son faux zèle aime à vous déguiser,
S’il ne m’accuse pas, je me veux accuser.
Abîmé dans la rage où son bonheur me jette
Je n’ai plus d’intérêt à la tenir secrète,
Il est temps qu’elle éclate, et que mon désespoir
Me venge aux yeux de tous de mon lâche devoir.
C’est lui qui m’a perdu, lui qui m’a su contraindre
D’affecter par respect la bassesse de feindre.
Auprès de ma Princesse on s’en sert contre moi,
On me vole son cœur, on me vole sa foi ;
Du Traître que je vois l’outrageante imposture
De mes propres refus tourne sur moi l’injure ;
Mais ses voeux, de ma perte ont beau s’être applaudis,
Je l’ai dit à Persée, et je vous le redis.
Ou le public aveu de sa coupable adresse
Justifiant ma foi me rendra ma Princesse,
Ou de mes tristes jours par lui précipités,
Son sang, son lâche sang…

philippe

Insolent, arrêtez.
L’abus où pour un fils aime à tomber un père
Dérobe en vain le vôtre à ma juste colère,
Si plus ma patience en suspend les effets,
Plus je vous autorise à de nouveaux forfaits.
Leur charme vous emporte, et jusqu’à la menace
Vous laissez à mes yeux échapper votre audace ;