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Scène III


Persée, Démétrius.

démétrius

Ah, ne l’accepter point cette foi qui m’est due,
Elle est encor à moi, je ne l’ai point rendue,
Et quoi qu’un fier courroux lui fasse imaginer,
Elle vous promet plus qu’elle ne peut donner.
Seigneur, elle se trompe, et vous trompe après elle.

persée

Je n’attendois pas moins qu’un avis si fidèle,
Mais sa sincérité vous donne trop de jour
À finir une erreur qui plaît à mon amour.
Si sa foi, ce haut prix où le vôtre s’oppose,
Est tellement à vous qu’en vain elle en dispose,
Comme c’est le seul bien où je veuille aspirer,
Du moins jusqu’à demain laissez-moi l’espérer.
Le terme est assez court, et sûr, quoi que je tente,
De voir mes vœux trompés confondre mon attente.
Par pitié jusque-là vous pouvez me souffrir
La douceur d’un espoir qu’ils aiment à nourrir.

démétrius

Bravez un malheureux, et pour aigrir ma rage
Faites que la Princesse ait part à cet outrage ;
Mais enfin cet hymen qui fait votre bonheur,
En vous donnant sa foi, vous donne-t-il son cœur ?
Ce cœur, le prix du mien, ce cœur dont j’ai pour gage
Tout ce qui d’un beau feu peut rendre témoignage.
Hélas, ce même cœur, quoi qu’ose son courroux,
Par tant de droits à moi, pourra-t-il être à vous ?

persée

De tels soins touchent peu les têtes couronnées,
Le seul bien des États règle leurs hyménées,