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ACTE IV



Scène première


Érixène, Démétrius, Phénice.

érixène

Quoi, jusqu’à m’arrêter étendre votre audace ?

démétrius

Madame, accordez-moi cette dernière grâce,
Et si sur le rapport qu’un imposteur a fait
Votre ressentiment juge de mon forfait,
Songez qu’à pénétrer l’offense est si facile…

érixène

C’est faire à l’adoucir un effort inutile ;
Je vous l’ai déjà dit, je la néglige au point
D’en voir toute l’injure, et ne m’en plaindre point.
La honte de mes vœux par ce calme effacée
Les abandonne entiers à l’hymen de Persée,
Et sa foi que pour vous ils osaient dédaigner,
M’assure dès demain la gloire de régner.

démétrius

Enfin elle vous charme, et dans le coup funeste
Qui me doit arracher le seul bien qui me reste,
Ce bien devient si foible à flatter mon amour
Qu’il ne lui permet plus que l’espoir d’un seul jour.
Demain il m’est ôté, demain votre injustice
M’abandonne à l’horreur du plus affreux supplice,
Et vous vous répondez d’assez de dureté
Pour jouir sans remords de cette cruauté ?
Ah, Madame, est-ce ainsi que vous faites connoître
Que la raison éteint le feu qu’elle fit naître,